L’interrogation orale en classe

, par Olivier Golliard

L’évaluation ne constitue pas la seule perspective de nos programmes. On sait que les élèves français sont les plus évalués d’Europe ; on sait aussi qu’ils sont aussi parmi les plus stressés. Les examens finaux pilotent trop souvent les pratiques d’évaluation. Privilégiant les élèves qui maîtrisent bien l’écrit, ils ont tendance à minorer les capacités d’expression orale de nombre de nos élèves. On peut envisager d’avoir une évaluation plus ouverte de nos élèves : le retour à des évaluations orales semble une piste intéressante pour les mobiliser autour de nos disciplines.
L’interrogation orale répond à l’exigence de formes d’évaluation plus variées. En classe, le recours à des modes d’évaluation qui mettent sur un pied d’égalité évaluations écrites et orales, en supprimant les coefficients des premières, serait bienvenu. Les coefficients pénalisent durement les élèves en difficulté à l’écrit. Pourquoi en effet considérer une compétence orale comme moins importante qu’une compétence écrite ?
Beaucoup d’enseignants pratiquent aujourd’hui des évaluations orales (interrogations en début de cours, systèmes de bonus, exposés, corrections orales d’exercices…) qui sont une source de motivation pour beaucoup d’élèves qui ont du mal avec l’écrit. Une difficulté, en collège comme en lycée, peut toutefois se faire jour avec des élèves qui savent parfaitement leur leçon, mais dont la timidité ou le manque de confiance au sein de groupe classe leur font perdre leurs moyens. Si la « note de participation » doit, pour ceux-là, prendre une autre forme, on sait aussi que « participer » ne signifie pas toujours comprendre et apprendre. Combien de classes qui « participent » font parfois illusion au final ? De même, ce n’est pas parce qu’une classe participe que la leçon est bien construite et intéressante, surtout quand ce sont les mêmes qui « participent ». Dans tous les cas, pourquoi ne pas offrir aux plus réservés la possibilité de répondre par écrit aux questions orales du professeur ?
L’interrogation orale permet au professeur de réagir plus rapidement face aux erreurs de compréhension des élèves, ce qui l’amène à les corriger immédiatement, et évite qu’un contre-sens s’installe durablement.Ce plus grand équilibre écrit/oral nécessite une gymnastique didactique rigoureuse. Le professeur doit savoir passer des questions fermées à des questions larges, savoir parfois descendre le curseur en réexpliquant les questions, en reformulant celles-ci pour mettre l’élève interrogé sur la voie. Des phrases verbales sont attendues de la part de l’élève. Trop souvent, le manque de patience fait que l’on passe rapidement à un autre élève mieux armé, en laissant le premier au point de départ, désarmé. Si le résultat est peu probant, alors on doit interroger l’élève sur les motifs qui expliquent la vacuité de ses réponses (ou leur absence) et lui proposer des pistes de travail. Et pourquoi pas une seconde chance la fois suivante ?
Une interrogation orale doit se clore avec une conclusion du professeur : valorisation de l’élève avec un « c’est bien », ou « c’est excellent », ou bien alors le listage des éléments que l’élève a omis. Dans tous les cas, tout un chacun sait que c’est par la valorisation que l’on peut amener l’élève à progresser et à se motiver. Ceci n’entraîne nullement une quelconque démagogie dans la mesure où la sanction par la mauvaise note est comprise par l’élève.

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)